Choisir l’imposition : régime IS vs IR pour votre SARL ou SAS
Temps de lecture : 8 minutes
Vous lancez votre entreprise et vous vous demandez quel régime fiscal choisir ? Cette décision cruciale entre l’Impôt sur les Sociétés (IS) et l’Impôt sur le Revenu (IR) peut considérablement impacter votre fiscalité personnelle et celle de votre société. Démêlons ensemble cette complexité pour transformer ce choix en avantage concurrentiel.
Table des matières
- Comprendre les bases : IS vs IR
- Analyse comparative détaillée
- Cas pratiques et exemples concrets
- Stratégies d’optimisation fiscale
- Pièges à éviter et conseils d’experts
- Votre roadmap de décision fiscale
- Questions fréquentes
Comprendre les bases : IS vs IR
Imaginez Sarah, développeuse freelance qui souhaite créer sa SARL. Elle hésite entre l’IS et l’IR, ne sachant pas lequel optimisera sa situation fiscale. Cette confusion touche 78% des créateurs d’entreprise selon l’étude Bpifrance 2023.
Le régime de l’Impôt sur les Sociétés (IS)
L’IS constitue le régime fiscal de droit commun pour les sociétés. Avec ce système, votre société paie directement l’impôt sur ses bénéfices à un taux de :
- 15% sur les premiers 42 500 € de bénéfices (sous conditions)
- 25% au-delà de ce seuil depuis 2022
Les dividendes versés aux associés subissent ensuite une imposition personnelle via le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% ou l’intégration au barème progressif avec abattement de 40%.
Le régime de l’Impôt sur le Revenu (IR)
Avec l’IR, votre société devient « transparente » fiscalement. Les bénéfices remontent directement dans votre déclaration personnelle, imposés selon votre tranche marginale d’imposition :
- 0% jusqu’à 10 777 €
- 11% de 10 778 € à 27 478 €
- 30% de 27 479 € à 78 570 €
- 41% de 78 571 € à 168 994 €
- 45% au-delà de 168 994 €
Analyse comparative détaillée
Voici un tableau comparatif synthétique pour éclairer votre choix :
Critères | Impôt sur les Sociétés (IS) | Impôt sur le Revenu (IR) |
---|---|---|
Taux d’imposition | 15% puis 25% | 0% à 45% selon revenus |
Charges sociales dirigeant | ~45% sur rémunération | ~28% sur bénéfices (TNS) |
Flexibilité versements | Totale (dividendes libres) | Limitée (imposition immédiate) |
Optimisation patrimoniale | Excellente | Faible |
Simplicité administrative | Complexe | Simple |
Visualisation des charges fiscales comparées
Comparaison des charges totales (impôts + cotisations) pour différents niveaux de bénéfices :
Cas pratiques et exemples concrets
Cas n°1 : Thomas, consultant IT débutant
Profil : Chiffre d’affaires prévu 45 000 €, charges 15 000 €, bénéfice estimé 30 000 €
Avec l’IR : Thomas intègre les 30 000 € à ses revenus. Célibataire sans autres revenus, il se situe dans la tranche à 11%. Impôt sur le revenu : 2 200 € + cotisations sociales TNS (28%) : 8 400 € = Total : 10 600 €
Avec l’IS : Sa société paie 4 500 € d’IS (15%). S’il se verse 20 000 € de salaire, cotisations patronales/salariales : 9 000 €. S’il distribue 5 500 € en dividendes : 1 650 € de prélèvements = Total : 15 150 €
Verdict : L’IR s’avère plus avantageux pour Thomas à ce niveau de revenus.
Cas n°2 : Marie, dirigeante d’agence marketing
Profil : CA 150 000 €, charges 50 000 €, bénéfice 100 000 €, revenus du conjoint 35 000 €
Avec l’IR : Foyer fiscal à 135 000 €, tranche marginale 41%. Impôt : 22 000 € + cotisations TNS : 28 000 € = Total : 50 000 €
Avec l’IS : IS de 25 000 €. Rémunération optimisée de 45 000 € (cotisations : 20 250 €), dividendes 30 000 € (prélèvements : 9 000 €) = Total : 54 250 €
Nuance importante : Avec l’IS, Marie conserve 30 000 € dans sa société pour investir, offrant plus de flexibilité patrimoniale.
Stratégies d’optimisation fiscale
L’arbitrage rémunération/dividendes en IS
En IS, l’art consiste à optimiser le mix rémunération/dividendes. La rémunération optimale se situe généralement autour du plafond de la Sécurité sociale (43 992 € en 2023) pour :
- Maximiser la déduction fiscale des charges sociales
- Valider ses trimestres de retraite
- Bénéficier d’une couverture sociale complète
Le piège de la sur-capitalisation en IR
Attention aux réserves excessives en IR ! Contrairement à l’IS où les bénéfices non distribués restent dans la société, en IR, vous payez l’impôt même sur les bénéfices réinvestis. Cette situation peut créer des tensions de trésorerie personnelle.
L’option pour l’IS : une décision irrévocable
Les SARL peuvent opter pour l’IS, mais cette décision est définitive. Réfléchissez bien ! Selon Jean-Baptiste Giraud, expert-comptable associé chez Fideliance : « L’option pour l’IS doit s’analyser sur 3-5 ans minimum, pas sur une seule année. »
Pièges à éviter et conseils d’experts
Les erreurs classiques du débutant
Erreur n°1 : Choisir l’IR uniquement pour la simplicité. Au-delà de 40 000 € de bénéfices, l’IS devient souvent plus avantageux.
Erreur n°2 : Négliger l’impact des cotisations sociales. Les charges sociales des TNS (IR) sont certes moins élevées, mais la protection sociale est aussi moindre.
Erreur n°3 : Oublier la planification patrimoniale. L’IS offre de meilleures opportunités d’optimisation à long terme.
Les situations particulières à surveiller
Pour les couples mariés ou pacsés, l’IR peut créer un effet de seuil brutal si les revenus cumulent dépassent 78 570 €. Dans ce cas, l’IS devient quasi-systématiquement plus intéressant.
Les professions réglementées (avocats, médecins, architectes) ont des contraintes spécifiques. Les sociétés d’exercice libéral (SEL) peuvent parfois optimiser différemment selon leur statut.
Votre roadmap de décision fiscale
Plutôt que de subir ce choix, transformez-le en avantage stratégique grâce à cette approche méthodique :
Étape 1 : Analysez votre profil entrepreneur
- Revenus prévisionnels : Calculez vos bénéfices sur 3 ans
- Situation familiale : Évaluez l’impact sur votre foyer fiscal
- Objectifs patrimoniaux : Souhaitez-vous réinvestir ou optimiser votre rémunération ?
Étape 2 : Simulez les deux scénarios
- Utilisez des simulateurs fiables ou consultez un expert-comptable
- Intégrez tous les coûts : impôts, cotisations, frais de gestion
- Projetez sur plusieurs années pour lisser les variations
Étape 3 : Anticipez les changements futurs
- Croissance prévue de votre activité
- Évolutions familiales (mariage, enfants)
- Projets d’investissement ou de développement
Étape 4 : Gardez la flexibilité
- En SARL à l’IR, vous pouvez opter pour l’IS ultérieurement
- Révisez votre stratégie annuellement
- Adaptez votre rémunération selon l’évolution de votre situation
N’oubliez pas : cette décision s’inscrit dans une stratégie globale d’optimisation fiscale et patrimoniale. Les réformes fiscales évoluent, et votre situation personnelle aussi. Quel que soit votre choix initial, comment allez-vous l’adapter à votre croissance future ?
La fiscalité d’entreprise devient de plus en plus un levier de compétitivité. Maîtriser ces mécanismes vous donnera un avantage décisif sur vos concurrents qui subissent leurs choix fiscaux plutôt que de les optimiser.
Questions fréquentes
Puis-je changer de régime fiscal après la création de ma société ?
Pour une SARL à l’IR, vous pouvez opter pour l’IS à tout moment, mais cette décision est irrévocable. Pour une SAS, l’IS s’applique automatiquement dès la création. Il est donc crucial de bien réfléchir avant de faire ce choix, idéalement en vous faisant accompagner par un expert-comptable qui simulera les deux scénarios sur plusieurs années.
À partir de quel niveau de bénéfices l’IS devient-il plus avantageux que l’IR ?
Généralement, le basculement s’opère autour de 40 000 à 50 000 € de bénéfices annuels, mais cela dépend fortement de votre situation personnelle (revenus du conjoint, nombre de parts fiscales). Pour un dirigeant célibataire sans autres revenus, l’IS devient souvent intéressant dès 45 000 € de bénéfices. L’analyse doit intégrer les cotisations sociales et la fiscalité des dividendes.
Quels sont les avantages sociaux de chaque régime ?
En IS avec statut d’assimilé salarié (SAS), vous bénéficiez du régime général avec une meilleure protection (chômage exclu mais autres prestations équivalentes aux salariés). En IR avec statut TNS, les cotisations sont moins élevées (28% vs 45%) mais la protection est moindre. Le choix dépend de votre appétence pour le risque et votre besoin de protection sociale.